Les soeurs Deblois - Tome 3 : Anne

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Les soeurs Deblois

Tome 3
Anne

La benjamine des soeurs Deblois est au centre de ce roman, tel un point de convergence vers lequel se dirigent les plus nobles aspirations des membres de la famille. Elle est attachante, vive et audacieuse, cette chère Anne, et ce, malgré l'indifférence et les remarques insidieuses dont l'afflige souvent Blanche, sa mère. Anne tire son réconfort de la musique qui prend une place de plus en plus dominante dans sa vie. Mais combien de temps encore la musique retiendra-t-elle les pièces de son âme écorchée ?

Comment Raymond réussira-t-il à redonner espoir à sa fille ? Croit-il encore à une certaine stabilité dans leur vie ?

Et Charlotte ? Retrouvera-t-elle enfin le Gabriel de ses jeunes années auprès duquel elle rêvait de faire sa vie à travers l'écriture.

Le bonheur sera-t-il enfin accessible à la douce et conciliante Émilie ? Ouvrira-t-elle enfin les yeux sur la gravité des problèmes de Blanche ?

La vie de la famille Deblois continue à travers les joies, les espoirs, les déceptions.

Une tranche de vie parfois difficile, parfois sereine, parfois heureuse. Une tranche de vie où la jeune Anne apprendra à devenir une femme à son tour.

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Extrait du livre d’Anne
Chapitre 2

« … Sa mère était-elle encore à l'hôpital ?

Cette question l'obsédait.

L'autre soir, juste avant de partir pour les vacances, Anne était arrivée à la maison à l'instant où l'ambulance repartait en direction de l'hôpital. Elle n'avait pas été vraiment surprise de voir les lumières clignotantes du véhicule garé devant sa maison. Depuis le temps qu'elle disait que sa mère était malade d'une drôle de façon, elle s'attendait à ce que quelque chose d'inhabituel se produise un jour ou l'autre. Elle avait simplement été soulagée que cela ait été son père qui était arrivé avant elle parce que cette fois-ci, sa mère devait être vraiment très malade pour qu'il ait songé à appeler l'ambulance.

Si elle était arrivée la première, aurait-elle su quoi faire ?

Ce soir-là, toute seule, elle avait attendu que son père revienne de l'hôpital où il avait accompagné sa mère. Elle était restée assise dans le noir, rongée beaucoup plus par la peur d'apprendre que les vacances étaient annulées que par l'angoisse causée par l'accident de sa mère.

Et cette inquiétude de ne pas partir en voyage, cette hantise ressentie comme une espèce de crampe dans le ventre, elle ne l'avait quittée qu'au moment où le train s'était mis à rouler en direction du sud.

Au bout des rails, Anne avait découvert une maison de soleil, heureuse, joyeuse alors que chez elle, tout était sombre.

Au bout des rails, elle avait rencontré une femme qui s'appelait Antoinette et qui ressemblait à une vraie mère...

L'idée de ne plus jamais quitter Bridgeport avait alors germé dans le coeur d'Anne, à peine quelques jours après son arrivée.

Et cette pensée l'avait habitée en permanence, chaque jour un peu plus forte.

Elle aurait tant voulu qu'Antoinette lui propose de prolonger son séjour. Quelques jours auraient été un vrai cadeau pour Anne, car cela aurait permis de repousser l'échéance de renouer avec une vie qui ne l'inspirait pas du tout.

Mais la magie n'existe que dans les contes de fée...

Ce matin, Anne avait donc repris le train pour retourner à Montréal.

Elle entendait le frottement du métal contre les rails et il lui semblait entendre un ricanement...

Anne soupira longuement alors que des centaines d'arbres filaient à toute allure à côté du train... Anne ferma très fort les paupières pour empêcher les larmes de couler. Elle ne voulait pas que Charlotte la voie pleurer, elle ne voulait pas avoir d'explications à donner.

Impulsivement, Charlotte prit une main de sa soeur entre les siennes et la serra avec beaucoup d'affection. Anne tourna la tête, un peu surprise.

--Pas facile de retourner à la maison, n'est-ce pas ? demanda Charlotte en la fixant intensément.

--Non, pas du tout, répliqua Anne... Ça ne me tente pas de retourner chez nous. MAis je sais bien que je n'ai pas le choix.

Charlotte ne répondit pas...

Et toutes les deux, blotties l'une contre l'autre, chacune poursuivant des pensées qui lui étaient propres, elles se laissèrent porter par le train qui les ramenait à leur point de départ.